Accident avec exposition au sang (AES)

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Une exposition accidentelle au sang ou aux liquides biologiques est définie par un contact avec du sang ou un liquide contenant du sang lors d’une piqûre avec une aiguille, d’une coupure avec un objet tranchant, ou par un contact avec du sang ou du liquide contaminé sur une plaie, une peau non intacte ou une muqueuse.

Tout liquide biologique est potentiellement infectant.

Principes

La prévention des accidents d’exposition au sang et aux liquides biologiques impose une bonne formation et une organisation soignée du travail. Elle fait également partie du plan de prévention lié à l’évaluation des risques mis en œuvre par l’employeur (décret du 5 novembre 2001). Cette stratégie de prévention implique :

  • la vaccination du personnel exposé (elle concerne toute personne qui, dans un établissement de soins ou de prévention, exerce une activité l’exposant au sang ou aux liquides biologiques, soit directement, soit indirectement) ;
  • le respect des précautions générales d’hygiène ;
  • l’utilisation de matériel adapté ;
  • l’information et la formation du personnel ;
  • l’évaluation des actions entreprises.

(Extrait de la circulaire N°99/680 du 8 décembre 1999)

Réglementation

Vaccinations
L’article L 3111-4 et l’article L 3112-1 du Code de la santé publique font obligation à toute personne qui dans un établissement ou un organisme public ou privé de prévention, exerce une activité professionnelle l’exposant à des risques de contamination, d’être immunisée contre l’hépatite B, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite et par le vaccin antituberculeux BCG.
Le conseil supérieur d’hygiène publique de France, dans ses avis des 27 juin et 7 novembre 2003, recommande pour les professionnels de santé, en cas de primo-vaccination contre l’hépatite B après l’âge de 13 ans, de vérifier le taux des anticorps. Ce titrage doit être supérieur à 10 mUI/ml deux mois après le dernier rappel. Si cette valeur n’est pas atteinte, il est nécessaire de procéder à un nouveau rappel sans dépasser 6 injections au total.

Conditions de travail
Il est recommandé de mettre en place des moyens de prévention visant à limiter le risque de blessures, tels que le port d’une tenue adaptée ou l’application de techniques opératoires qui favorisent la coordination de l’équipe.

Conduite à tenir

La conduite à tenir en cas d’AES doit être connue de tout le personnel du cabinet dentaire.

La procédure doit être affichée ou consultable dans les zones de soins et de stérilisation. Le matériel nécessaire aux soins immédiats doit être accessible, ainsi que les coordonnées du médecin référent AES le plus proche, habituellement aux urgences d’un établissement hospitalier (ou dans le service des maladies infectieuses)

Soins immédiats

• Après une piqûre ou blessure de la peau : nettoyer immédiatement la plaie à l’eau courante et au savon, puis rincer. Réaliser une antisepsie à l’aide d’une solution chlorée (solution de Dakin commercialisée, eau de Javel à 2,6 % fraîchement diluée au 1/5e), ou à défaut avec un dérivé iodé ou de l’alcool à 70°, en respectant dans tous les cas un temps de contact d’au moins 5 minutes.

Ne pas faire saigner la plaie !

• Sur une peau lésée : appliquer le même protocole que précédemment.
• Sur les muqueuses (en particulier les conjonctives) : laver abondamment à l’eau ou de préférence au sérum physiologique pendant au moins 5 minutes.

Contact dans les plus brefs délais du médecin référent AES
Il établit l’évaluation du risque de transmission virale (VIH, VHB, VHC) et posera ou non l’indication d’une chimioprophylaxie antirétrovirale en fonction du type d’exposition, de l’importance de l’inoculum et de sa nature biologique, des facteurs de risque et du statut sérologique du patient source ainsi que du délai écoulé depuis l’AES.

Attention, la prise de contact avec ce médecin doit être faite dans l’heure qui suit l’AES.

Prophylaxie de l’infection à VIH
Lorsque l’indication d’une chimioprophylaxie antirétrovirale (anti-VIH) est posée, le traitement débute le plus rapidement possible après l’AES sur prescription du médecin référent AES, avec le consentement du professionnel de santé accidenté. Le délai optimal de mise en route du traitement est de 4 heures, mais celui-ci peut être indiqué jusqu’à 48 heures après l’exposition au risque.

Déclaration de l’accident du travail
Le salarié (praticien, assistant(e) ou autre employé du cabinet) doit déclarer l’accident auprès de son employeur dans les 24 heures après l’événement.
Dans les 48 heures, ce dernier informe la CPAM du lieu de travail, l’inspecteur du travail de la Direction des Relations du Travail ainsi que son assureur. La déclaration d’accident doit être accompagnée d’un certificat médical descriptif de la lésion, avec la mention « potentiellement contaminante » : ce certificat médical peut être établi par le médecin référent AES ou un autre médecin.
Les praticiens libéraux, pour bénéficier d’une prise en charge et d’une indemnisation en cas de contamination professionnelle, doivent avoir antérieurement souscrit une assurance volontaire « accident du travail – maladie professionnelle » auprès de la sécurité sociale (Formulaire S 6101a) ou une assurance privée. Ils devront alors déclarer l’accident dans les 48 heures auprès de leur assureur.

Suivi sérologique et clinique
Le suivi sérologique et médical sera réalisé par un médecin choisi par le professionnel de santé accidenté (médecin traitant, médecin du travail…).
Sérologie VIH avant J8, à J90 et à J180.
Anticorps anti-HBs pour vérifier la présence d’anticorps protecteurs.
Le cas échéant, suivi VHB ou VHC en fonction du statut du patient pris en charge.

S’assurer de la vaccination du personnel (autre fiche).
Bien afficher la procédure, qui doit être accessible à tous le personnel.
Posséder au cabinet du sérum physiologique, une solution de Dakin ou de l’alcool à 70° ou de l’eau de Javel.

Les textes officiels

Circulaire DGS/DH/DRT N°99/680 du 8 décembre 1999 relative aux recommandations à mettre en œuvre devant un risque de transmission du VHB et du VHC par le sang et les liquides biologiques.
Circulaire DGS/DH/DRT N°98/228 du 9 avril 1998 (modifiée le 29 août 1998 par la circulaire 98/634) relative aux recommandations de mise en œuvre d’un traitement antirétroviral après exposition au risque de transmission du VIH.
Circulaire DGS/DH N° 98/249 du 20 avril 1998 relative à la prévention de la transmission d’agents infectieux véhiculés par le sang ou les liquides biologiques lors des soins dans les établissements de santé.
Décret N° 94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des travailleurs contre les risques résultant de leur exposition à des agents biologiques et modifiant le Code du travail (deuxième partie : Décrets en Conseil d’Etat).
Guide de prévention des infections liées aux soins réalisés en chirurgie dentaire et stomatologie, Ministère de la santé et des solidarités, Direction Générale de la Santé, Juillet 2006

Fiche pratique dentalgest.com – Procédure à tenir en cas d’accident d’exposition au sang

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